France Compétences publie des chiffres clés sur la formation professionnelle dans son rapport annuel (RUF)
France Compétences sort son rapport annuel sur l'usage des fonds de la formation professionnelle (RUF). On déchiffre ensemble certaines infos clés.
Pour la troisième année de suite, France Compétences publie un rapport sur l’usage annuel des fonds de la formation professionnelle (RUF).
Ces chiffres portent sur l’année 2023 - un temps d’écart donc entre leur actualité et leur publication. Mais ils fournissent des informations pertinentes pour comprendre le marché de la formation et ses évolutions. Une ressource intéressante pour anticiper les évolutions à venir, mais complexe : le document de 65 pages contient beaucoup de données.
On les déchiffre pour vous ✍️
Les chiffres du CPF 2023, un contraste avec l’état actuel du dispositif
Premier levier d’accès à la formation pour les demandeurs d’emploi qui représentent 30% des formations financées, 1,34 millions d’entrées en formation, 2,157 milliards d’euros engagés… La place du CPF en 2023 semble bien établie, notamment comme un outil de mobilité professionnelle.
Mais même s’il reste largement influent et utilisé, le dispositif connaît des changements.
Le reste à charge pour les titulaires a augmenté de 29% entre 2021 et 2023, et c’était avant les évolutions de 2024. Et l’effet est visible : une baisse de 36% du nombre de dossiers validés par les titulaires. Le ticket modérateur et les règlementations de contrôle de plus en plus strictes ont encore affecté l’usage du dispositif.
Si l’avenir du CPF est plutôt au co-financement, avec les entreprises notamment, cela signifie tout de même un coût plus élevé des formations laissé à d’autres acteurs et aux personnes qui se forment - on retient bien qu’une part importante des titulaires sont en recherche d’emploi.
Concernant son utilisation, on constate l’augmentation de la proportion des formations plus longues, et plus coûteuses. En moyenne, une formation financée dans le cadre du CPF dure 61 heures et son coût moyen atteint 1 610€ - un coût en hausse depuis 2021.
La majorité du coût d’une formation dans le cadre du CPF reste le coût pédagogique, qui représente 93% du coût total.
Récap :
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30% des formations financées concernent des personnes en recherche d’emploi
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1,34 millions d’entrées en formation
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2,157 milliards d’euros engagés
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29% d’augmentation du reste à charge pour les titulaires
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Temps moyen d’une formation : 61 heures
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Coût moyen : 1 610€
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Répartition : 93% = coût pédagogique
Apprentissage et contrat de professionnalisation : l’alternance en force
Les entrées en apprentissage augmentent de 2%, représentant plus de 827 000 entrées en formation dans le secteur privé en 2023. Bien que la force de l’apprentissage soit maintenue, sa progression est largement inférieure à celle des années précédentes (+14% en 2022 et +38% en 2021).
Le coût d’un contrat d’apprentissage est principalement réparti entre les aides à l’embauche d’apprentis (34%) et les coûts pédagogiques (50%). Les OPCO et l’Etat en sont les principaux financeurs, bien que les engagements nets de l’Etat baissent. Avec pus de 2 300 organismes de formation sur le marché de l’apprentissage, ce mode de formation est un levier important.
En parallèle, le contrat de professionnalisation s’impose comme un outil de réinsertion professionnelle des publics adultes, avec 110 000 à 120 000 entrées annuelles. Son moindre recours pour les jeunes n’ayant encore jamais été en emploi, pour qui le contrat d’apprentissage est favorisé, révèle qu’il se recentre sur sa fonction historique.
Les bénéficiaires ont des profils plus âgés, moins diplômés, et effectuent des formations plus courtes que les apprenants en contrat d’apprentissage. 52% d’entre eux sont demandeurs d’emploi à l’entrée en contrat en 2023.
Et du côté des OFA ? Leur taux de marge continue de diminuer.
Quels effets auront les récents ajustements de l’aide à l’embauche des apprentis ? À suivre…
Récap :
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+2% d’entrées en apprentissage en 2023
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Répartition des coûts : 34% = aides, 50% = coûts pédagogiques
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2 300 OFs sur le marché de l’apprentissage
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110-120 000 entrées en contrat de professionnalisation
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52% des bénéficiares sont demandeurs d’emploi
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Un taux de marge de 8,6% pour les OFA
PDC et PTP : deux dispositifs pour les projets d’évolution professionnelle
Le Plan de Développement des Compétences (PDC) et le Projet de Transition Professionnelle (PTP) sont des piliers de l’accès à la formation pour les salariés. L’un vise le maintien dans l’emploi actuel, tandis que l’autre, permet la reconversion.
En 2023, 4,484 millions d’actions de développement des compétences ont été suivies dans le cadre du PCP avec l’appui de fonds publics et mutualisés. Ces formations visent des objectifs d’adaptation au poste de travail, et sont généralement plus courtes. Elles permettent d’accompagner l’évolution de l’activité d’une entreprise, ce qui explique la forte part de reste à charge pour l’employeur : 36% du coût total.
Le PTP, qui implique des parcours bien plus longs, permet aux salariés de bénéficier d’un congé spécifique afin de suivre une formation certifiante. 18 000 PTP ont été financés en 2023 - des parcours plus coûteux en raison de leur durée et caractéristiques.
Récap :
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4,484 millions d’entrées en PDC en 2023
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18 000 PTP financés
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Durée moyenne : PDC = 19h, PTP = 943h
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Coût unitaire : PDC = 609€, PTP = 29 220€
Quel est l’avenir du financement de la formation professionnelle ?
Les actualités de ce début d’année 2025 laissent anticiper des changements dans la popularité de certains dispositifs comme le CPF et le recours à l’apprentissage pour les entreprises.
Les chiffres publiés dans le RUF de France Compétences sont une belle source d’informations pour estimer certaines évolutions, mais dans un secteur qui évolue à toute vitesse, les analyses portant sur 2023 pourraient rapidement être obsolètes.
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